La lettre ouverte
Pour que la lecture devienne une priorité de société
Les bienfaits de la lecture pour une société ne sont plus à prouver.
Lire est essentiel pour la culture générale. Lire contribue à lutter contre le décrochage scolaire. Lire favorise une plus grande empathie et ouverture aux autres, une meilleure compréhension du monde et la découverte d’autres réalités. Lire est indispensable pour évoluer professionnellement. Lire augmente l’employabilité. Lire aide à mieux s’approprier les informations et à discerner les faits des opinions. Lire permet de développer son esprit critique et ainsi d’éviter la propagation de rumeurs et de fausses nouvelles. Lire contribue à évacuer le stress et, par le fait même, est bénéfique pour la santé mentale. Lire favorise la confiance en soi. Lire est un plaisir !
Aujourd’hui, grâce à des campagnes et des actions régulières et adaptées, nous savons ce que nous devons mettre dans nos assiettes pour une alimentation équilibrée. Aujourd’hui, nous savons que faire au moins 30 minutes d’activité physique par jour est nécessaire pour nous maintenir en forme. Pourtant, au Québec, il n’est pas reconnu qu’un temps consacré à la lecture est tout aussi bénéfique pour notre développement et notre équilibre.
De nombreuses études démontrent que le plaisir de lire décline au fur et à mesure que les jeunes avancent dans leur scolarité et que de nombreux adultes éprouvent des difficultés à lire des textes complexes. Bien sûr, nous lisons par obligation à l’école et au travail, mais combien sommes-nous à lire pour le plaisir et à transmettre ce plaisir de la lecture ? Cela est encore plus paradoxal sachant que sur le terrain, chaque jour, des enseignantes et enseignants, des éducatrices et éducateurs, des travailleuses et travailleurs sociaux, des artistes, des libraires, des bibliothécaires et bien d’autres encore s’activent depuis des décennies pour améliorer le niveau de littératie des Québécoises et des Québécois.
Avec ces efforts déployés à petite et moyenne échelle, nous remarquons des résultats parfois spectaculaires sur le plan local, mais nous sommes convaincus que le Québec dans son ensemble pourrait jouir d’une véritable culture de la lecture.
En vérité, il n’y a qu’une seule chose qui permettrait d’instaurer une saine culture de la lecture au Québec et d’éviter d’inquiétantes conséquences pour notre société : une véritable volonté politique.
C’est pourquoi, à l’aube de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, nous, des organismes et personnalités du milieu du livre, de la culture, de l’alphabétisation, de l’éducation, du milieu des affaires, de la santé, demandons aux cinq partis en campagne pour les élections générales au Québec en 2022 de prendre l’engagement de faire de la lecture une priorité nationale pendant au moins un an. Nous leur demandons d’assortir cette décision d’un budget exceptionnel qui permettra de mener une campagne de sensibilisation d’envergure et des projets structurants.
La lecture n’est pas la responsabilité unique des ministères de l’Éducation et de la Culture et des Communications. Les enjeux liés au développement d’une véritable culture de la lecture sont multiples et engageront de nombreux ministères et organismes. C’est un projet politique qui requiert un leadership commun. C’est pourquoi nous souhaitons qu’un comité spécial pluridisciplinaire et interministériel soit créé.
Nous sortons de deux années hors du commun qui laisseront des traces dans la société et dont nous ne mesurons pas encore toutes et tous les conséquences. Nous parlons beaucoup de décrochage scolaire, de désinformation, de santé mentale, de dépendance aux écrans, de pénurie de main-d’œuvre. La lecture, si elle ne règle pas tout, nous paraît être un élément à valoriser auprès de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, car son apport est plus que bénéfique : il est nécessaire et indispensable pour une société prospère.